Les pages des cahiers

Ont voulu s'envoler

Par un jour de grand vent

Avec les goélands.

Et j'ai vu mes stylos

Danser le flamenco

Inviter mon équerre

A venir boire un verre.

Tous les mots dans mes livres

Semblaient devenus ivres

Entrainant dans leurs bulles

Les points et les virgules.

Le tableau liquéfié

Sur les bancs renversés

Formait un tapis noir

Où dansaient les armoires.

Je me suis éveillée

Quand le maitre a crié

Que le fond de la classe

Abritait des limaces !

Sonia

Un frisson mutin,

Une onde légère

Ton cœur sur le mien

Coule une rivière…

Un baiser câlin

Qui me désaltère

Mon souffle est le tien

Coule une rivière…

Sur ma peau satin

Au creux des artères

Ta bouche sans fin

Coule une rivière…

Au bout du chemin

Le ruisseau se perd

Au cœur des embruns

Il rejoint la mer.

Sonia

Un jour je volerai, vers de lointains lagons

D’infinis horizons aux frontières sans nom.

Je laisserai là-bas mon bagage de peurs

Inutile fardeau, pour mon apesanteur.

Un jour je volerai, dans l’ultime abandon

Déposerai mon corps sur un lit d’affliction.

Ne pleurez pas ma mie, je garderai au cœur

Votre brûlante ardeur, ma précieuse lueur.

Un jour je volerai, vers le pays des rêves

Sans regret ni frayeur je signerai la trêve.

Je suivrai mon étoile en oubliant mes pleurs.

Un jour tu voleras, vers la cité des anges.

Nous nous retrouverons et dans ce monde étrange

Unirons nos passions d’un suprême bonheur.

Sonia

Tes pensées aquatiques

Envahissent l’espace,

L’inspiration s’éveille

Parmi les algues grises.

Un visage apparaît

Dans la maison des yeux.

Un héros sans espoir

Se couche sur la feuille,

Où vient glisser ta plume.

Ta main, d’abord glacée

Se met à fourmiller.

Non ! Ne la retiens pas !

Apprend à ton corps

Qu’elle offre l’émotion

Aux lecteurs de ta prose.

Laisse la sensation

Envahir ton esprit.

Ôte ce voile noir

Que l’angoisse dépose

Sur ton âme d’artiste.

Le souhait de ton cœur

Enfin se réalise.

C’est vrai, tu l’as écrit

Ce poème maudit.

Et tu peux désormais

Poser le petit point

Qui va y mettre fin.

Si nous prenions le large

S’en aller un instant

Peu importe le temps

Faire un tour dans la marge.

Sous le vent du désir

Construire un avenir

Et hisser la grand voile

Pour sortir de la toile.

Le rêve d’un moment,

Parenthèse enchantée,

Croisière en liberté,

Voyager autrement.

T’entraîner dans ma bulle

Pour partager nos pulls

Quand le froid reviendra

Envahir nos auras.

Sonia