Dans la grisaille des faubourgs
La pierre épanche son chagrin
Le joug des brumes du matin
Pèse sur les lueurs du jour
L’ouate épaisse assaille les corps
Ourle les pensées de froideur
Glisse lentement vers les cœurs
Jusqu'à ruisseler dans les pores
Ma pelisse de solitude
Alourdie de mélancolie
Traîne son insomnie
Dans l’avenue des habitudes
Sur les trottoirs l’arbre ténu
Volute sombre et vaporeuse
Doigts crochus d’une vieille hideuse
Enserre mon âme ingénue
Ses arabesques m’ensorcellent
Encre de chine un peu passée
Sur le vélin de cieux glacés
Ses guenilles de gel étincellent
Les ailes lourdes de l’ennui
Couvrent les allées de tristesse
Soufflent le vent de ma détresse
Dans ces branches couleur de nuit
Dans la grisaille des faubourgs
Je traîne ma peau en carence
Ecorce vidée par l’absence
J’attends qu’enfin perce le jour.